ROSEMARY PLACE
catalogue, 2022

DN / wetland
Galerie Fernand Léger, Ivry-sur-Seine


catalogue édité par la ville d'Ivry-sur-Seine à l'occasion de l'exposition de DN, Wetland
avec les textes de Philippe Bouyssou (Maire d'Ivry-sur-Seine), Guillaume Lasserre (critique d'art), Patrice Maniglier (philosophe) et Hedi Saidi (directeur de la Galerie Fernand Léger, galerie d'art contemporain de la ville d'Ivry-sur-Seine)
photographie : galerie Fernand Léger
maquette : Zaoum
Achevé d'imprimé en aout 2022 sur les presses de l'imprimerie Périgraphic
Édition papier, 16 pages
ISBN : 979-10-96036-14-1


Avec l’exposition Wetland à la galerie Fernand Léger, le duo DN présente le scénario d’une utopie écologique : l’implantation d’une zone humide en plein cœur d’Ivry-sur-Seine. Et la fiction qui en découle, prenant forme dans une simulation immersive.

extrait du texte de Guillaume Lasserre : Wetland – Arguments pour une utopie écologique :
« (…) Desséchons ces marais, animons ces eaux mortes en les faisant couler, formons-en des ruisseaux, des canaux (...) Bientôt au lieu du jonc, du nénuphar dont le crapaud composait son venin, nous verrons paraître la renoncule, le trèfle, les herbes douces et salutaires... » Les mots de Buffon, homme des Lumières , résument assez bien la perception négative qui fut longtemps celle des milieux humides : des espaces improductifs, insalubres en raison de l’eau stagnante, vecteurs de maladies. Sorcières, fées, géants, de la légende grecque de l’Hydre de Lerne aux feux follets considérés comme des âmes en peine, ces lieux, associés à des peurs irrationnelles, ont suscité l’invention de tout un folklore fantastique dans l’imaginaire collectif. (...)
Avec le projet « Wetland », Laetitia Delafontaine & Grégory Niel (DN) prennent le contre-pied de Buffon. Ils donnent à leur travail plastique un enjeu politique en proposant d’implanter une zone humide au cœur de la ville d’Ivry-sur-Seine. À partir de ce postulat radical, ils construisent une fiction située qui répond à la question de la commande publique – renversant la notion d’art dans l’espace public en faisant de l’espace public une œuvre en tant que telle – avec la volonté de placer la question écologique au centre de l’urbain.
> consulter le texte de Guillaume Lasserre

extrait du texte de Patrice Maniglier : Ivry sur Terre - Comment les arts peuvent contribuer à faire atterrir la Modernité :
(...) Pour multiplier notre avenir, il faut multiplier notre présent. Il faut faire sentir, à rebours de l’évidence moderne, la contingence de notre présent, afin de faire sentir aussi la possibilité de le transformer, ou plutôt de transformer la manière même dont il se transforme . Être capable de défaire l’enchantement moderne – car, contrairement à ce que disait Max Weber , la modernité n’est pas synonyme de désenchantement du monde, mais au contraire d’enchantement de la civilisation, nos sens même étant comme fascinés, charmés, envoûtés, par la transformation de nos existences matérielles –, voilà une des conditions esthétiques sans laquelle nous ne serons pas capables de répondre au défi qui constitue véritablement notre actualité, la tâche qui, du fond de notre présent, nous demande de devenir des sujets capables d’une action urgente et pour laquelle une seconde chance ne nous sera pas donnée : écologiser la Modernité .

Il revient aux artistes de nous montrer le monde tel qu’il est. Or nous montrer le monde tel qu’il est aujourd’hui c’est superposer, à ce qui est, ce qui pourrait être, à l’actualité, la possibilité : c’est défaire l’illusion que nous avons de vivre dans une réalité univoque, qui se réduit à ce qu’elle est, pour mieux la faire apparaître comme un feuilletage de virtualités d’elle-même. C’est ce qu’ont fait Laetitia Delafontaine et Grégory Niel en installant au sein d’une ville particulière, la commune d’Ivry-sur-Seine, une version alternative d’elle-même que les habitants peuvent découvrir à la fois sous une forme abstraite, celle d’une carte, et sous une forme concrète, celle d’un ensemble d’images, et même d’images dans lesquelles ils sont susceptibles de s’immerger, puisqu’en plus d’une image satellite (du genre de celle qu’on peut obtenir en allant sur Google Earth) de ce à quoi Ivry pourrait ressembler dans cette réalité alternative, on peut trouver un diaporama déployant sur trois murs le spectacle photographique qu’on aurait de la ville dans ce présent parallèle si on s’y plaçait en un certain lieu déterminé, ainsi qu’un court film montrant, le temps d’un travelling au ras du sol d’un environnement virtuel, ce que cela ferait que de se mouvoir dans cette ville alternative.
> consulter le texte de Patrice Maniglier

extrait du texte de Hedi Saidi : SANS TOUCHER LE SOL !
L’exposition « Wetland » de DN vient boucler une résidence de recherche intense de plus de deux ans. Le travail de ce duo d’artistes fut remarqué lors de leur sélection à l’édition #2 de la triennale d’art public en 2019/20. Laetitia et Greg avaient esquissé un projet d’une utopie écologique à Ivry, dont le point de départ est une étude iconographique, géographique et architecturale du territoire. Le lien avec le projet de l’architecte Jean Renaudie fut un élément fondamental. Cette étape méritait un temps de recherche plus long, d’où la mise en place d’un accompagnement spécifique et la programmation d’une restitution deux ans plus tard.
> consulter le texte de Hedi Saidi

> télécharger le catalogue wetland(4M)

extrait

DN wetland