rosemary's place / installation / photo Luc Jennepin
Rosemary’s place / 2007
Galerie Ecole Supérieure des Beaux Arts de Montpellier / Gallery school of fine art in Montpellier
détail installation / vue intérieure "couloir" / detail installation / inside view "corridor" 

rosemary's place
Rosemary's place est un dispositif immersif d’architecture sous vidéo surveillance. Il propose une transposition de l’appartement de Rosemary dans le film « Rosemary’s baby » de Roman Polanski sous la forme d’une architecture monobloc filmée en temps réel. L’espace est traité comme une projection mentale de l’appartement telle un espace générique et qui en constitue une restitution filmique en temps réel par une série de webcams.

De l’appartement du film « Rosemary’s baby », il ne reste que l’enchaînement de ses espaces, la perception de son lieu. Il a été vidé de ses objets, de la décoration de ses murs, ses ouvertures ont été obturées. C’est un espace uniformisé, lissé par la couleur blanche, une « white cube » aveugle ; une architecture décomposée puis recomposée, définie par les mouvements des caméras et de la lumière.

A l’espace d’expérimentation se superpose un dispositif autonome de diffusion et d’enregistrement d’images vidéo dont la trame structurelle et temporelle est la succession des plans de Rosemary dans le film de Polanski. Des webcams sont placées dans l’appartement transposé et restituent en temps réel sous la forme de deux projections distinctes à l’extérieur de l’appartement : d’une part les points de vues du lieu dans un splitscreen démultiplié et d’autre part un film à travers la succession des séquences cinématographiques de Rosemary montées (en cut) à partir des webcams du lieu. Ainsi, chaque jour plusieurs films sont automatiquement enregistrés et archivés.

Différentes trames de « lecture », de temporalités et d’appropriations de l’espace se mélangent et constituent des projections d’architectures fictionnelles, telles des allégories, où narration et perception se superposent. Ainsi la référence au film de Rosemary’s baby dont le titre Rosemary’s place est un emprunt direct forme ce premier point d’entrée commun et collectif. La notion de « Home sweet home », schizophrénique / paranoïaque et familier en est un autre. Dans cette démarche de trames fictionnelles, lors de workshops à l’école supérieure des Beaux Arts de Montpellier, une série de pièces (musicales, écrites et graphiques) a été élaborée par les étudiants sur une proposition de Laetitia Delafontaine et Grégory Niel, et est présentée en résonance avec l’installation. Ces différentes trames soumises aux visiteurs, multiplient les hypothèses de parcours et la perception du lieu.

A travers l’utilisation d’images anodines et familières de webcams dans l’espace générique du « home sweet home » et leur diffusion composée et montée sur un principe cinématographique, l’installation pose un regard sur les liens entre espace, perception, et narration dans leur rapport à l’image, et plus particulièrement sur la dimension projective et fictionnelle de l’espace générique.

avec la collaboration des étudiants de l’ESBAMA : Patrick Bourgeois, texte livret ROSEMARY / Julie Chambert, texte livret PLACE / Stéphane Despax, Woodhouse, Cuisine / Cédric Jolivet, 65700 / Adrien Décharne & Reynald Garenaux générique sonore / Marguerite Leudet



Parution en avril 2010 chez Actes Sud par Patrice Maniglier de 'la perspective du diable, philosohie et figuration de l'espace de Brunelleschi à Rosemary's baby' à partir de l'installation Rosemary's place.
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rosemary's place

Rosemary's place is done by immersion architecture under video surveillance. It proposes in the shape of a monoblock filmed in real time architecture, the transposition of the apartment of Rosemary in "Rosemary's Baby" a film by Roman Polanski. The space is created as a mental projection of the apartment like a generic space which constitutes by a series of webcams in real time a restitution of the film.

There only remains from the apartment of the "Rosemary's baby" film the sequence of spaces, the perception of its place. It was emptied of its objects, of the decoration of its walls, openings have been sealed. It is an uniform, smoothed by the white colour space, a blind "white cube"; a decomposed then recomposed architecture which is determined by the movements of cameras and lights.

To the space of experimentation a broadcasting and recording video images autonomous process, whose structural and temporal frame is succession of plans of Rosemary in Polanski's film, is superimposed. Some webcams are placed in the transposed apartment and, in real time in the shape of two separate projections like a splitscreen outside of the apartment, they restitute : on the one hand, the views of the place and, on the other hand, a film composed with the webcams images whose structure is based on the editing of Rosemary's baby footages. Thus, each day, several films are automatically recorded and archived.

Different frames of "reading," temporalities and appropriations of space mix and constitute projections of fictional architectures, such allegories, where narration and perception superpose. So, the reference to the film Rosemary's baby, whose title Rosemary's place is a direct borrowing, is forming the first common entry and collective point. The notion of "Home sweet home," schizophrenic / paranoid and familiar is another one. In this process of fictional frames, during workshops at the Higher School of Fine Arts in Montpellier, a series of pieces of work (musical, written and graphic) was, under a proposal by Laetitia Delafontaine and Grégory Niel, developed by students, and was presented in resonance with the installation. These different frames subjected to visitors are increasing the suppositions of paths and perception of the place.

Through the use of ordinary and familiar images of webcams in the generic "home sweet home" space and their broadcasting composed and edited on a filmic principle, installation is looking on the relationship between space, perception and narration in their link to the image, and more particularly on the projective and fictional dimension of the generic space.

with the collaboration of students of ESBAMA: Patrick Bourgeois, text book ROSEMARY / Julie Chambert, text book PLACE / Stéphane Despax, Woodhouse, Kitchen / Cédric Jolivet, 65700 / Adrien Décharne & Reynald Garenaux generic sound / Marguerite Leudet

Published in April 2010 (Actes Sud ), Patrice Maniglier 'la perspective du diable, Figurations de l'espace et philosophie de la Renaissance à Rosemary's Baby ' about Rosemary's place
> to consult présentation



rosemary's place / vue générale / photo Luc Jennepin
vue générale de l'installation / projection des captures webcams et Woodhouse de Stéphane Despax / overview of the installation / projection of webcams and Woodhouse 

rosemary's place / vue projection capture vidéo / photo Luc Jennepin
vue générale de l'installation / double projection des webcams en temps réel / overview of the installation / two projections of webcams in real time 

rosemary's place / vue générale / photo Luc Jennepin
vue générale de l'installation / module monobloc sous vidéosurveillance (dimension : 9m x 9m) / overview of the installation / monoblock module under video control (dimension: 9m x 9m) 

rosemary's place / vue générale / photo Luc Jennepin
entrée / sortie / input / output 

rosemary's place / vue générale / photo Luc Jennepin
entrée / sortie / input / output 

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "couloir" / interior view of installation / corridor

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "cuisine - chambre" / interior view of installation / kitchen-bedroom

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "cuisine-salon" / interior view of installation / kitchen-saloon

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "salon" / interior view of installation / saloon

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "cuisine" / interior view of installation / kitchen

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "chambre Rose" / interior view of installation / Rose bedroom

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "chambre Rose" / interior view of installation / Rose bedroom

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "chambre" / interior view of installation / bedroom

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "chambre" / interior view of installation / bedroom

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "couloir" / interior view of installation / corridor

rosemary's place / vue intérieure / photo Luc Jennepin
vue intérieure installation / "salon" / interior view of installation / saloon

rosemary's place / projection capture vidéo
détail installation / double projection des webcams en temps réel : aléatoire webcams (projection gauche) et montage film (projection droite) / detail installation / two projections of webcams in real time : random of webcams (left projection ) and film (right projection)

rosemary's place / projection capture vidéo
capture webcam 6 / "chambre rose" / wecam capture 6 / Rose bedroom

rosemary's place / vue projection capture vidéo / photo Luc Jennepin
capture webcam 3 / "couloir" / montage film 30/04/2007 / wecam capture 3 / corridor / film 30/04/2007

rosemary's place / livret
couverture publication ROSEMARY PLACE / cover of Rosemary's place publication

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le film "rosemary's baby" de Roman Polanski
Ce film hollywoodien de 1968, adapté du roman éponyme de Ira levin, est l’histoire d’une jeune femme Rosemary Woodhouse (Mia Farrow) victime apparemment d’un complot démoniaque, organisé par ses voisins dans l’immeuble où elle vient d’emménager avec son mari, pour faire naître l’enfant de satan. Ce film a tous les éléments du film d’horreur : un jeune couple, de classe moyenne américaine de province, débarquant dans la capitale, rencontre ses voisins (Sidney Blackmer et Ruth Gordon), vieux couple troublant new-yorkais connaissant tous les rouages et les notables de la ville, et faisant partie d’une société secrète satanique. Un complot se trame : Ils vont corrompre le mari (John Cassavetes) en lui offrant la réussite sociale, dans le but de se servir de sa femme pour enfanter le monstre, celui qui amènera le chaos sur terre. Le caractère subjectif des malheurs peut laisser croire à une simple paranoïa : Rosemary a peut-être tout imaginé. Tout le film sera donc vu à travers ses yeux. Polanski exploitera toutes les ressources, à commencer par la thématique du secret, et de son corollaire le complot, pour maintenir l’équivoque.

« le roman de Ira Levin était déjà découpé comme un film. (…) un thriller admirablement bien construit (…) [mais] étant agnostique, je ne croyais pas plus à Satan comme incarnation du mal qu’en l’existence d’un dieu personnifié ; tout cela entrait en conflit avec ma vision rationnelle du monde. Pour la crédibilité, je décidai donc de préserver une équivoque : la possibilité que les expériences surnaturelles de Rosemary soient un pur produit de son imagination. » (Roman par Polanksi, Ed Livre de poche, 1985, p.355)

Roman Polanski est l’un des premiers réalisateurs à amener le film d’horreur dans le « home sweet home » américain faisant de ce genre, au cœur même des studios d’Hollywood, le moyen de rendre compte des nouvelles réalités politiques et sociales. En 1968, ce sont les jeunes de la classe populaire qui se battent au Vietnam et affrontent le chaos, l’époque qui lâche sans scrupule les bombes au napalm sur la population et la jungle sans se soucier de leurs retombées humaines et écologiques. Le « home sweet home » devient alors le terreau d’un mal qui provient de ses entrailles. La mise en scène du genre ne pouvait sortir indemne de cette nouvelle origine de la menace. Lorsque la paranoïa réelle ou imaginaire envahit Rosemary, le familier devient L’autre et le « home sweet home » devient un environnement anxiogène. Polanski fait un film d’horreur sans horreur sans monstre, sans violence, sans sang…il ne nous montre que du banal, des petits intérieurs bourgeois, un placard à balais, un couple de retraités, un pédiatre… Les hors champ du film, dépositaires classiquement d’une menace toujours extérieure, un-american, ne débouchent ici sur rien d’inconnu, d’extraordinaire voire d’irrationnel. Même la scène finale lorsque Rosemary ouvre le voilage noire du berceau du monstre, le contrechamp tant attendu (le visage de son enfant) ne vient pas - notons que le désir de hors champ est tellement fort que certains spectateurs furent persuadés d’avoir vu le « monstre ». Source : le cinéma américain des années 70, Jean Baptiste Thoret / cahiers du cinéma - essais

 

the "rosemary's baby" film by Roman Polanski 
This 1968 Hollywood film, adapted from the eponymous novel by Ira levin, is the story of a young woman: Rosemary Woodhouse (Mia Farrow), apparently victim of a demonic conspiracy organized by its neighbours in the building where she has just moved in with her husband, a conspiracy to give birth to the child of Satan. This film has all the elements of horror movie: a young provincial middle-class American couple landing in the capital, meets his neighbours (Sidney Blackmer and Ruth Gordon), old ambiguous New York couple knowing all the codes and notables of the city, forming part of a satanic secret society. A conspiracy is brewing: they will corrupt the husband (John Cassavetes) by providing him social success, in order to use the wife to give birth to the monster, the one that will bring chaos on earth. The subjective nature of misfortunes may suggest a simple paranoia : Rosemary may have imagined everything. The whole film will be seen through her eyes. Polanski will use all resources, starting with the theme of secrecy, and its corollary conspiracy, to maintain ambiguity. 

"The novel by Ira Levin was already cut like a movie. (…) A admirably well-constructed thriller (…) [but] being agnostic, I did not believe in Satan as more incarnation of evil that the existence of a god personified, all of this came into conflict with my vision of rational world. For credibility, I decided therefore to preserve a ambiguity: the possibility that supernatural experiences of Rosemary are a pure product of her imagination. "(By Roman Polanksi, Ed Pocketbook, 1985, p.355) 

Roman Polanski is one of the first filmmakers to bring the horror film in the American "home sweet home", , using this filmic genre to reflect the new political and social realities in the very heart of Hollywood studios. In 1968, young people from the working class are fighting in Vietnam and are facing the chaos, this is the time where without scruple, napalm bombs are released on population and jungle without worrying about their human and ecological fallouts. The "home sweet home" becomes the breeding ground of an evil that comes from its entrails. The staging of the genre could not break free from this new source of the threat. When paranoia real or imaginary is invading Rosemary, the familiar becomes the other and the "home sweet home" becomes an environmental anxiety. Polanski makes a horror film without horror, without monster, without violence, without blood… it shows us the ordinary, petty bourgeois interiors, a broom closet, a couple of retired people, a pediatrist… The off-camera film shots, classically bringing an always external threat, non-american, do not lead here on anything unknown, extraordinary or even irrational. Even the final scene, when Rosemary opens the monster's black curtain cradle, the long-awaited reverse shot (the face of her child) does not come - we note that the desire off camera shots is so strong, that some spectators were convinced to have actually seen the "Monster". 

reference : American films of 70 years, Jean Baptiste Thoret / Cahiers du cinema - essais 


rosemary's place / carton vernissage / DN
"dakota building" / carton vernissage / opening card