le 7ème continent, Phase IV
collection Frac Occitanie 2012
installation - structure robotisée, dispositif électronique, film

Le 7ème continent propose la création d’un espace transformationnel en perpétuelle mutation, tel un terrain en constant devenir, l’espace de l’évasion. Concevoir un espace « transformer », un espace en fuite, tel est la problématique, la question posée.

Le 7ème continent, à la fois réel et fantasmé, évoque un univers lointain, ouvert à tous les possibles, mêmes les moins désirables. Il est ce potentiel de liberté et d’évasion, ce terrain de jeu que Casanova crée, investit et arpente une grande partie de sa vie. C’est la capacité de Casanova à s’adapter à ce terrain en perpétuel mouvement, à se transformer suivant les événements qu’il rencontre qui est au cœur du projet. Tout comme Casanova invoquait son génie Paralis, il s’agit d’utiliser la figure du robot « transformer », non pas celle du pantin réduit uniquement à une mécanique stupide, représentation fréquente de Casanova, mais celle au pouvoir de transformation et de transmutation, trouvant dans chaque événement son point d’échappement, afin de créer cet espace de l’évasion, ce 7ème continent et de tracer sa trajectoire.

Présentée initialement à la galerie Aperto à Montpellier, c’est la structure de ce lieu qui servit de support à la simulation. Ce n’est pas tant les caractéristiques propres de l’espace de la galerie qui ont été ici sollicitées, mais la structure du lieu lui-même dans sa forme la plus générique, à savoir ses points d’intersection (au nombre de 16). Le lieu se trouve donc assimilé à un schéma de 16 points et de 24 raccordements, dont les distances seront flexibles, ajustables, et transposables. Et c’est à partir de ce schéma spatial, de cette structure virtuelle qu’est appliqué le dispositif de mutations.

C‘est la trajectoire de Casanova qui définit les paramètres de mutations des raccordements des points d’intersection à travers la fiction filmée du Casanova de Fellini. C’est donc le mouvement du film qui transforme l’espace défini par ses intersections. L’espace se reconfigure à chaque image du film et se développe sur plus de deux cent milles mutations, correspondant aux deux cent milles images du film.

Le principe a donc été de modéliser les 16 points et 24 raccordements en 3d, tel un schéma filaire puis d’appliquer sur cette structure virtuelle les paramètres de contraste du film de Casanova de Fellini. Ces paramètres de contrastes sont utilisés généralement pour mettre en 3 dimensions des éléments en deux dimensions notamment dans la restauration d’œuvres. Ces paramètres de contrastes sont donc ici appliqués aux seize points d’intersections du schéma-structure, créant ainsi les déformations des raccordements par étirement ou contraction. Tous les paramètres de contrastes du film ont donc été appliqués sur le schéma, image par image, à raison de 24 images/seconde, soit en tout 220556 mutations. Ce processus met en valeur les déplacements dans l’image, ainsi que les ruptures de montage cinématographique. Ainsi ce sont 220556 points de fuite, sauts d’échappement qui s’opèrent dans « 220556 ».

A partir des 220556 mutations, nous avons choisi une mutation, la « 40264 », afin de la réaliser. Il s’agit donc d’articuler la séquence virtuelle et animée des 220556 mutations, dont les différences ou les écarts peuvent être très prononcés, avec une mutation physiquement présente qui se développe imperceptiblement dans le lieu d’exposition comme dans une temporalité suspendue ou excessivement ralentie, telle l’expression du temps entre deux déformations de la séquence, dans une tension entre deux images mutées (de la 40264 vers la 40265). Ce sont donc deux temporalités qui s’expriment et s’articulent entre la vidéo et la structure. La lenteur de déploiement de la structure vient contredire l’apparence technologique du dispositif, convoquant tout à la fois l’univers des automates du 18ème siècle et celui de la robotique et de la science fiction. C’est par le son que produisent les moteurs en activant les tiges filetées par va et vient que le mouvement s’appréhende, formant tout à la fois une composition sonore et une série de paysages.

L’installation se développe sous la forme d’un dispositif spatial qui s’articule d’une part à partir de la simulation virtuelle des transformations de l’espace et d’autre part d’une matérialisation en structure d’une des mutations générées.

Extrait du Texte de Patrice Maniglier dans le catalogue "Casanova forever":
C’est un tel espace de fuite que DN nous donne à parcourir dans leur installation : un espace qui n’est jamais donné, mais se confond avec la transformation de lui-même, chaque nouvelle version de lui-même étant reliée à la précédente par un « point de fuite », qui est celui par où la situation ne cesse d’échapper à elle-même. S’installer dans la galerie Aperto (et quel beau nom pour y parler justement de ce qui ne cesse jamais, reste ouvert) pour en déplier les versions et le réduire à un espace transformationnel, et donc purement événementiel, telle est la réponse que ces deux architectes auront donné en écho au nom de Casanova. Ils associent ainsi le grand libertin à une œuvre déjà riche guidée par le souci d’inventer sans cesse de nouveaux espaces, s’inspirant des ressources du cinéma, de l’architecture spéculative et de l’installation vidéo. Traiter Casanova comme un espace, c’est forcément produire un espace d’évasion et de mutations permanente – au sens strict : une fantaisie architecturale.

> pour consulter l'extrait du catalogue "Casanova forever"


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The 7th continent, Phase IV
Collection Frac Occitanie 2012
installation - robotic structure, electronic device, film

Le 7ème continent propose la création d’un espace transformationnel en perpétuelle mutation, tel un terrain en constant devenir, l’espace de l’évasion. Concevoir un espace « transformer », un espace en fuite, tel est la problématique, la question posée.

Originally presented at the Aperto gallery in Montpellier, it’s the structure of this place which is the support of simulation. This is not so much the characteristics of the space of the gallery that were requested here , but the structure of the place itself in its most generic form, ie its points of intersection ( 16) . The place is therefore like a diagram of 16 points and 24 connections , which distances are flexible , adjustable and replicable . And it is from this spatial diagram, this virtual structure, that the device of transformations is applied.

This is the path of Casanova which defines transformations parameters of connections or intersection points through film of Fellini’s Casanova. It’s the movement of the film which modify space defined by its intersections. The space is reconfigured every frame of the film and there is more than two hundred thousand transformations corresponding to two hundred thousand images of the film.

The principle has been to model 16 points and 24 connections in 3d as a wired diagramm and then to apply parameters of contrast from film Fellini’s Casanova on this virtual. These parameters of contrast are generally used for put two-dimensional elements into three including, for exemple in the restoration of works . These parameters of contrasts are here applied to the sixteen points of structural diagram, creating distortions of connections by stretching or contraction. All parameters of the film contrasts were therefore applied to the diagram, frame by frame, at 24 frames / second , a total of 220556 transformations. This process highlights the movement in the image and breaks from film editing.

From the 220 556 transformations , we chose one transformation, « 40264 « to create it. It is therefore to articulate virtual and animated sequence of 220,556 transformations with a physically present transformation that move imperceptibly into 40265 frame. These are two temporalities which are expressed and articulated between the video and the structure. The slow unfolding of the structure is in contrast with technological appearance of the device, mixed at the same time the world of automata of the 18th century and that of robotics and science fiction. This is the sound produced by the engine by activating the threaded rods by reciprocating motion that is apprehended , forming at the same time a sound composition and a series of landscapes .

The installation is like a spatial arrangement which is articulated on the one hand from the virtual simulation of the transformations of the space and a second hand in a materialization of the generated transformations.


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